Dans l’industrie cinématographique américaine, un « box office bomb » ou un « box office flop » est un film qui est considéré comme infructueux ou non rentable lors de son exploitation en salle, suivant souvent un battage médiatique significatif concernant son coût, sa production ou ses efforts marketing. Généralement, tout film pour lequel les coûts de production et de commercialisation dépassent les recettes au box-office est considéré comme un flop.
L’évaluation de la réussite financière d’un film est difficile à établir, et cela, parce qu’il n’y a pas de définition fiable, ce qui fait donc un box-office bomb peut être très subjectif. Tous les films qui ne parviennent pas à récupérer leurs coûts estimés lors de leurs exploitations en salles sont des bombs et cette étiquette est également appliquée aux films qui n’obtiennent pas une large marge de bénéfices, en particulier lorsqu’ils sont très coûteux à produire. Cependant, il est à noter que la réception critique n’est pas systématiquement associée avec les performances au box-office. En d’autres termes, un film peut être plaisant, réussi, mais ne pas trouver son public et en faire un échec commercial.
Mais quelles peuvent être les raisons d’un flop ?
En fait, les causes peuvent être diverses. En premier lieu on peut parler d’un bouche à oreille négatif. À partir des années 1980, le cinéma a commencé à proposer des films qui rencontrèrent des week-ends d’ouverture médiocre. Cela a rendu la performance d’un film sur son week-end d’ouverture beaucoup plus crucial pour sa perception. Avec le développement d’internet dans les années 1990, les chat rooms, les forums, et autres sites dédiés au cinéma ont permis de rapidement répandre le bouche à oreille.
Des problèmes de production sont également à l’origine d’un flop, comme ce fut le cas avec « La Porte du Paradis » (1980) de Michael Cimino, qui a connu trois mois de retard et qui a vu son enveloppe budgétaire passer de 7,5 à 36 millions de dollars. Ces problèmes ont attiré les journalistes et des critiques qui se sont vu refuser l’accès au film, et lors de sa sortie, le film a été abhorré par la presse américaine. Ce métrage est d’ailleurs en partie responsable de la faillite de la société United Artists, n’ayant rapporté que 3,5 millions de dollars lors de son exploitation en salles. Il s’agit donc du plus grand box office bomb de l’histoire du cinéma américain lors de sa sortie.

La Porte du Paradis (1980)
L’une des autres raisons d’un flop est tout simplement la compétition. En effet, certains films peuvent avoir une faible vente de billets s’ils sont diffusés en même temps que d’autres films qui attirent plus de spectateurs. C’est d’ailleurs pour cette raison que les dates de sorties dont scrupuleusement étudiées et parfois annoncées longtemps à l’avance, permettant à la concurrence de calibrer leur date de sortie en connaissance de cause.
Bien que ce soit plus rare, certains films qui auraient peut-être bien fonctionné sont finalement sous-performants en raison de problèmes qui ne sont pas liés au film lui-même, comme le moment où le film sort. C’était l’une des nombreuses raisons de l’échec commercial d’un des premiers flops de l’histoire d’Hollywood, avec « Intolerance » (1916). En raison des retards de production, le film n’a été diffusé qu’à la fin de l’année 1916, date à laquelle le sentiment anti-guerre généralisé qu’il reflétait avait commencé à changer en faveur de l’entrée en guerre de l’armée américaine dans la Première Guerre mondiale. Alors que le film sera plus tard considéré comme révolutionnaire, son échec a conduit la société de production de DW Griffith, Triangle Studio, à la faillite.

Intolérance (1916)
D’autres exemples incluent « Le Magicien d’Oz » (1939) de MGM et « Pinocchio » (1940), « Fantasia » (1940) et « Bambi » (1942) de Walt Disney, tous sous-performants simplement parce qu’ils sont sortis pendant la Seconde Guerre mondiale, qui coupait 60 % du marché international de Hollywood. Cependant, ces films sont devenus populaires et acclamés par la critique par la suite, et en particulier le premier, qui est devenu l’un des films les plus emblématiques de l’histoire.
- Le Magicien d’Oz (1939)
- Pinocchio (1940)
- Fantasia (1940)
- Bambi (1942)
Un docudrama de 2014 sur la FIFA intitulé « United Passions : La Légende du Football », qui a été diffusé en salles aux États-Unis, alors que le leadership de la FIFA était en cours d’investigation pour la fraude et corruption, a seulement engrangé 918 dollars au box-office US lors de son week-end d’ouverture, est un exemple d’événements extérieurs qui peuvent couler un film.

United Passions (2014)
D’autres problèmes tels que le malaise économique général peuvent entraîner moins de revenus disponibles pour les cinéphiles potentiels, ce qui entraîne moins de ventes de billets. En outre, de nombreux films qui sont lancés en période de crise nationale ou juste après des catastrophes telles que Pearl Harbor, les attentats du 11 septembre 2001 et les ouragans, furent sous-performants au box-office. Dans le cas des attentats du 11 septembre, trois films qui traitaient de diverses manières le terrorisme et qui étaient initialement programmés pour être diffusés dans la période comprise entre le 12 septembre et le 31 décembre 2001, comme « Dommage Collatéral » (2002), « Big Trouble » (2002) et « Bad Company » (2002) ont tous été déplacés vers de nouvelles dates de sortie en 2002, et aucun d’eux n’a bien fonctionné au box-office. Les gens ne voulaient pas être confrontés à des histoires qui les ramenaient de près ou de loin avec ces événements dramatiques du 11 septembre.
- Dommage Collatéral (2002)
- Big Trouble (2002)
Parfois, un film peut obtenir des recettes considérables au box-office, mais encore être considéré comme une bomb en raison de son budget de production important. Par exemple, le film « Sahara » (2005) a coûté plus de 241 millions de dollars, y compris le marketing et la distribution, en raison des coûts de production exorbitants. Le métrage a rapporté 122 millions de dollars de recette d’exploitation en salle, ce qui est plus que correct. Cependant, dans ce cas, cela ne représentait qu’à peine plus de la moitié de ses dépenses. En 2012, Disney a déclaré des pertes à la hauteur de 200 millions de dollars pour « John Carter » (2012). Pourtant, le film avait engrangé le montant considérable de 234 millions de dollars dans le monde, mais ce fut loin de son budget de 250 millions de dollars sans compter la publicité mondiale. « 47 Ronin » (2013), a fait plus de 151 millions de dollars au box-office. Cependant, le film avait un budget de 225 millions de dollars en raison de ses coûts de production exorbitants, et sa billetterie brute ne représenta guère plus des 2/3 de ses dépenses.
- Sahara (2005)
- John Carter (2012)
- 47 Ronin (2013)
Certains films, qui sont initialement considérés comme des « flops » peuvent récupérer des revenus ailleurs. Plusieurs films ont été contre-performants sur le marché le plus important, c’est à dire les États-Unis, mais ont rencontré suffisamment de succès à l’échelle internationale pour récupérer les pertes ou même devenir des succès financiers. Les films peuvent également récupérer de l’argent grâce à la distribution internationale, à la distribution aux chaînes de télévision et à la distribution en dehors des cinémas, comme le téléchargement légal, les DVD, ou encore le pay-per-view. D’autres films ont réussi longtemps après leur sortie au cinéma, devenant des films cultes ou étant réévalués au fil du temps. Des films de haut niveau comme « Blade Runner » (1982) et « Les Évadés » (1994), qui ont tous deux perdu de l’argent au box-office, sont devenus très populaires par la suite.
- Les évadés (1994)
Dans les cas les plus extrêmes, les performances médiocres d’un film peuvent pousser un studio à la faillite ou à la fermeture, comme cela s’est produit avec RKO Pictures pour « Le Conquérant » (1956), United Artists avec « La Porte du Paradis » (1980), Carolco Pictures pour « L’Île aux Pirates » (1995) après avoir été répertorié dans le Guinness Book des Records comme la plus grande perte au box-office de tous les temps), Fox Animation Studios avec « Titan A.E. » (2000), The Ladd Company pour « L’Étoffe des Héros » (1983), et ITC Entertainment avec « La Guerre des Abîmes » (1980). En outre, la sous-performance de « À la Croisée des Mondes : La Boussole d’Or » (2007) a été considérée comme un facteur important pour que la société Warner Bros. décide de prendre le contrôle direct de New Line Cinema.
- Le Conquérant (1956)
- La Porte du Paradis (1980)
- L’île aux Pirates (1995)
- Titan A.E. (2000)
- L’étoffe des Héros (1983)
- La Guerre des Abîmes (1980)
Voici encore quelques exemples de film, dont vous trouverez une critique sur ce blog, qui sont considérés comme des box office bombs :
- « Le 13e Guerrier » (1999)
- « Ballistic » (2002)
- « Cowboys et Envahisseurs » (2011)
- « John Carter » (2012)
- « Battleship » (2012)
- « 47 Ronin » (2013)
- « La Stratégie Ender » (2013)
- « RIPD : Brigade Fantôme » (2013)
- « Hacker » (2015)
- « Jupiter Ascending » (2015)
- « Alliés » (2016)
- « Ben-Hur » (2016)
- « Deepwater Horizon » (2016)
- « The Finest Hours » (2016)
- « Gods of Egypt » (2016)
- « Captive State » (2019)
- « The Last Duel » (2021)
Une liste qui reste bien entendu ouverte …
Beaucoup de flops font pourtant partie de films que j’ai adoré et je trouve finalement blessant de les considérer comme tels, au vu de l’investissement qu’il y a derrière…
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Ce sera toujours le public qui aura le dernier mot. Regarde les succès populaires sont rarement les lauréats des cérémonies de récompenses. Cependant, un flop peut mettre en danger la carrière d’un acteur, d’un réalisateur et même hypothéquer l’avenir d’une société de production…
😬
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