Synopsis : Rika Umezawa vit avec son mari, n’a pas d’enfant et travaille à temps partiel dans une banque. Elle est souvent complimentée sur son attention au travail par ses clients et son patron. Néanmoins, elle ressent comme un vide puisque son mari ne s’intéresse pas à elle. Rika se lance alors dans une une relation extra-conjugale avec un jeune homme du nom de Kota. Elle commencera aussi à soutirer de l’argent à ses clients.
Origine du film : Japon
Réalisateur : Daihachi Yoshida
Scénaristes : Kaeko Hayafune
Acteurs : Rie Miyazawa, Sosuke Ikematsu, Satomi Kobayashi, Yuko Oshima, Seiichi Tanabe, Yoshimasa Kondo, Renji Ishibashi
Genre : Drame
Durée : 2 heures et 6 minutes
Date de sortie : 15 novembre 2014 (Japon)
Année de production : 2014
Sociétés de production : Robot Communications, Shochiku Company
Distribué par : Shochiku Company (Japon)
Titre original : Kami no Tsuki / 紙の月
Notre note : ★★★☆☆
Notre commentaire : « Pale Moon » est un film dramatique japonais datant de 2014, réalisé par Daihachi Yoshida, à qui l’on doit également « The Kirishima Thing » (2012). Les acteurs principaux sont Rie Miyazawa, qu’on a pu voir dans « Her Love Boils Bathwater » (2016), Sosuke Ikematsu, qu’on a pu voir dans « Shoplifters » (2018), Satomi Kobayashi, qu’on a pu voir dans « After the Storm » (2016), et Yuko Oshima, qu’on a pu voir dans « Sanada 10 Braves » (2016).
L’histoire proposée par « Pale Moon » nous invite à suivre Rika (Rie Miyazawa), une banquière au physique neutre, ni vraiment jolie, ni vraiment laide, mince, élancée, mariée, mais sans enfant, qui s’approche lentement d’un âge mûr que l’on peut situer autour de la quarantaine. Son époux semble avoir une bonne situation et est accaparé par son propre avancement dans sa société. De son côté Rika ne manque de rien, mais sa vie commence à lui peser, ses contraintes familiales, son travail, et même la société dans laquelle elle vit veut lui imposer toutes sortes de règles, de restrictions, et ainsi, pour sortir de ce train-train, elle décide de s’offrir des cadeaux de luxe en détournant l’argent de quelques-uns de ses plus riches clients.
Ce qui aurait pu rester un évènement isolé, se transforme peu à peu en une sorte surenchère. Rika développe toute une méthodologie afin de détourner de l’argent, utilisant des méthodes qui peuvent rappeler certaines scènes de « Arrête-moi si tu peux » (2002) de Steven Spielberg, où l’on voyait déjà Leonardo DiCaprio falsifier des chèques à outrance. Rika est de plus en plus audacieuse afin de soutenir un mode de vie de plus en plus élaboré qu’elle cherche cependant à cacher à toutes les personnes autour d’elle.
En outre, Rika commence une liaison avec un étudiant de la moitié de son âge, lui offrant des séjours dans des hôtels de luxe, et finançant ses rêves d’études dans la conception de sites internet. Enhardie par cette situation amoureuse, elle repousse la demande de son mari afin qu’elle quitte son travail pour déménager à Shanghai pour développer un projet pour sa société, restant ainsi seule au Japon, et transformant leur appartement en un véritable repaire de faussaires dans l’art de la contrefaçon.
À travers la tension qui s’installe progressivement dans « Pale Moon » au fur et à mesure que Rika est prise dans l’engrenage de ses détournements, on comprend rapidement que tout cela ne peut pas durer éternellement, et finalement, ce qui devait arriver, arrive. Tout commence à s’effondrer autour d’elle. Quelques flashbacks viennent nous expliquer qu’elle a été éduquée par des religieuses, et admonestée jour après jour pour offrir des dons aux plus nécessiteux. D’une manière un peu pervertie, nous pouvons comprendre comment cela a pu influencer son comportement actuel.
Au-delà de l’histoire dramatique, « Pale Moon » offre également une critique de la société japonaise par rapport aux rituels quotidiens clairement démontrés dans le premier acte du métrage. Son époux supposait qu’elle allait tout laisser tomber pour le suivre en Chine, et il est choqué lorsqu’elle refuse. Un tel refus décisif d’une épouse est quelque chose d’inconcevable au Japon. Il en va de même avec le directeur de la banque qui transfère régulièrement, ou force à prendre leur retraite, des femmes qui deviennent trop âgées et qui coûtent trop chères, en faveur de jeunes femmes, moins chères et plus attrayantes. C’est un monde défini par et pour les hommes.
L’histoire se déroulant au milieu des années 1990, au moment où la bulle économique, particulièrement prolifique depuis l’après-guerre, a commencé à se fissurer, ce qui a engendré un malaise économique et culturel au sein de la société japonaise. Terminés les gros salaires pour tous, terminés les emplois à vie ! On peut notamment observer, à travers les différents personnages secondaires, que beaucoup de personnes ont beaucoup d’argent, mais personne ne semblent vraiment savoir qu’en faire, en dehors de comment l’utiliser pour en gagner plus. Le personnage de Rika évolue à contre-courant de ce mode de pensée. Si ce qu’elle fait est clairement répréhensible, elle décide cependant de faire quelque chose avec cet argent. C’est notamment illustré par l’une des scènes dans la dernière partie du métrage, lorsque la collègue de Rita, qui a révélé ses détournements, lui avoue que finalement elle est jalouse d’elle, car elle aura vécu des choses qu’elle ne fera jamais.
En dehors de l’aspect social, économique et de son genre, le film est bien construit et son développement est cohérent. La photographie est plaisante avec de belles couleurs et un éclairage souvent très chaleureux, avec une bande originale plutôt sympathique. L’ensemble est suffisamment prenant et engageant pour ne pas voir les deux heures que dure le métrage, défiler.
En conclusion, « Pale Moon » est un film dramatique original puisant son histoire dans un contexte socio-économique particulier dont l’intrigue est basique. Le développement est très bien construit et offre une bonne critique de la société nippone. Le rythme est plaisant et on ne voit absolument pas les deux heures défiler. La photographie, comme la bande originale sont particulièrement plaisantes. La distribution offre de bonnes prestations afin d’offrir un divertissement plus qu’acceptable. Un métrage qui plaira singulièrement aux passionnés de la culture japonaise.
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