Des dizaines de personnes vont être tuées par des troupes armées gouvernementales lors d’un massacre dans la ville de Gwangju en Corée du Sud au printemps 1980…
« Hwaryeohan hyuga » (화려한 휴가), ou « May 18 » pour la distribution internationale, est un film historique dramatique datant de 2007, réalisé par Kim Ji-hoon, à qui l’on doit également « The Tower » (2012). Les acteurs principaux sont Kim Sang-kyung, qu’on a pu voir dans « Montage » (2013), Ahn Sung-ki, qu’on a pu voir dans « The Divine Move » (2014), Lee Yo-won, qu’on a pu voir dans « Perfect Number » (2012), Lee Joon-gi, qu’on a pu voir dans « The King and the Clown » (2005), Park Chul-min, qu’on a pu voir dans « Perfect Proposal » (2015) », Park Won-sang, qu’on a pu voir dans « Warriors of the Dawn » (2017), Song Jae-ho, qu’on a pu voir dans « The Spy: Undercover Operation » (2013), et Na Moon-hee, qu’on a pu voir dans « Cruel Winter Blues » (2006). Ce métrage est paru le 27 juillet 2007.
« May 18 », tout comme « 26 Years » (2012) de Cho Geun-hyun, ainsi que « A Taxi Driver » (2017) de Jang Hoon, est basé sur l’histoire réelle du massacre de Gwangju, le 18 mai 1980. Dans le présent, l’histoire est plus centrée sur les faits eux-mêmes lorsque le général Chun Doo-hwan a tenté d’éliminer toute forme de rébellion en utilisant la force militaire. Le récit se concentre essentiellement sur Min-woo (Kim Sang-kyung), un chauffeur de taxi, qui mène une vie relativement paisible avec Jin-woo (Lee Joon-gi), son jeune frère, encore étudiant. Lorsque les soldats se déchaînent contre les citoyens, ces derniers décident de former une milice, bien déterminée à protéger leurs familles, Min-woo se retrouve au beau milieu de tout cela. Les choses vont basculer lorsque l’armée décide de tirer à balles réelles sur des manifestants, tuant des dizaines de citoyens. Ceux qui ont vu certains de leurs proches tomber sous les balles, forment un groupe de défense civique sous l’impulsion de Heung-soo (Ahn Sung-ki), un ancien officier de l’armée désormais à la retraite. Un ultimatum est adressé à ce groupe d’insurgés leur ordonnant de déposer les armes. Refusant de se soumettre tout en se retranchant dans les bâtiments de la mairie, l’assaut est donné par les militaires, ouvrant la voie à une bataille sanglante…
« May 18 » est un film historique construit sur des événements réels. Le fameux soulèvement de Gwangju. Comme souvent dans l’histoire de nombreux pays, le mouvement est parti des étudiants qui ont commencé à manifester contre le gouvernement de l’époque. Bien que ce dernier ait imposé la loi martiale pour faire taire les contestations, les étudiants continuèrent leurs manifestations. L’État décide d’envoyer l’armée pour mater les contestataires. Sans qu’on ne sache réellement pourquoi et sur l’ordre de qui, les soldats se mirent à tirer sur la foule. Selon les différentes sources, le nombre de morts oscillerait entre 600 et 2.000. On rapporte différentes formes d’exactions de la part de forces gouvernementales. Des coups de bâtons, des coups de couteaux, des tirs, et même des viols. Les autorités ont défini les incidents comme une rébellion provoquée par des sympathisants communistes. Dix-sept années plus tard, en 1997, un cimetière national et une journée de commémoration ont été créés, accompagnés par des actions d’indemnisation des victimes.
L’histoire s’articule donc autour de Min-woo (Kim Sang-kyung), qui officie comme chauffeur de taxi. Il s’occupe de son jeune frère Jin-woo (Lee Joon-gi) depuis le décès de leurs parents. En outre, il est amoureux de Shin-ae (Lee Yo-won), jeune femme qui s’avère être la fille de son patron, Park Heung-soo (Ahn Sung-ki). Les deux tourtereaux construisent doucement leur relation quand l’armée débarque en frappant sur tout ce qui bouge. Alors qu’il adopte une attitude passive et non agressive, les choses vont basculer pour Min-woo lorsque son frère sera abattu sous ses yeux. Il va alors intégrer la rébellion et en être un des leaders, au côté de son patron, lui-même ancien militaire. Pendant ce temps, Shin-ae viendra en aide aux blessés au sein de l’équipe médicale.
Le scénario concocté par Na Hyun laisse suffisamment de place à l’action, mais c’est bien évidemment l’aspect dramatique qu’on retiendra le plus. Associé à la mise en scène de Kim Ji-hoon, le film démontre clairement l’impact psychologique du drame. Les manifestants ne s’attendaient clairement pas à se faire canarder de la sorte. Non contents d’avoir tiré sur la foule à l’instar d’un peloton d’exécution, les soldats donnèrent ensuite la charge, achevant les blessés et tirant dans le dos de la foule affolée. Bien que les images ne soient pas particulièrement sanglantes, la mise en images est tout de même choquante qu’en à l’attitude des militaires. Les 118 minutes du métrage se concluent par l’assaut final lorsque l’armée attaque l’hôtel de ville de Gwangju, où les dissidents avaient installé leur quartier général. Autant dire que peu parmi les personnages centraux survivront…
Les valeurs de production présentées pour ce « May 18 » sont plus que satisfaisantes. La phonographie proposée par Lee Doo-nam permet aux spectateurs de se retrouver au cœur de la mêlée lorsque les militaires donnent l’assaut. Les décors sont réduits à quelques lieux symboliques de la ville, la mairie, l’hôpital, les locaux de la société de taxi dans laquelle le personnage principal travaille, le cinéma de la ville, et surtout, la rue principale de cette municipalité qui comptait 850.000 habitants à l’époque des faits. La bande originale signée Kim Seong-hyeon vient agréablement accompagner le récit, mettant l’accent sur les passages les plus tragiques de l’histoire. Le montage orchestré par Wang Sang-ik et Hahm Sung-won est bien équilibré entre les séquences dynamiques et les passages mettant en scène les interactions entre les personnages. Doté d’un budget de 10 millions de dollars, le film a rapporté près de 50 millions de dollars. En outre, le métrage a obtenu de nombreuses nominations, mais n’a malheureusement reçu aucune récompense, peut-être pour des raisons politiques, le sujet étant relativement sensible aujourd’hui encore.
En conclusion, « May 18 » est un film rude disposant d’une histoire basée sur des faits réels et dramatiques, d’une intrigue captivante et d’un développement brutal. Le rythme est cohérent avec l’histoire, le récit est fluide et la narration est linéaire. La photographie est de bonne qualité, la bande musicale vient fortement souligner les passages les plus tragiques du récit et le montage est bien équilibré. La distribution offre de très bonnes prestations, mettant essentiellement en lumière l’impact dramatique rencontré par les personnages. L’ensemble est très percutant tout en proposant un éclairage sans fioritures d’un événement particulièrement abrupt de l’histoire récente de la Corée du Sud. Un film à découvrir pour son exposé authentique.
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