Un sac rempli d’argent est le cœur de préoccupation de plusieurs personnes dont les destins vont se croiser et finalement s’opposer…
« Jipuragirado Jabgo Sipeun Jibseungdeul » (지푸라기라도 잡고 싶은 짐승들), ou « Beasts Clawing at Straws » pour la distribution internationale, est un thriller criminel sud- coréen datant de 2020, écrit et réalisé par Kim Yong-hoon, qui signe ici son premier long-métrage. Les acteurs principaux sont Jeon Do-yeon, qu’on a pu voir dans « Memories of the Sword » (2015), Jung Woo-sung, qu’on a pu voir dans « Illang: The Wolf Brigade » (2018), Youn Yuh-jung, qu’on a pu voir dans « Hindsight » (2011), Bae Seong-woo, qu’on a pu voir dans « The Swindlers » (2017), Shin Hyun-bin, qu’on a pu voir dans « Confidential Assignment » (2017), Jung Man-sik, qu’on a pu voir dans « The Battleship Island » (2017), Jin Kyung, qu’on a pu voir dans « Perfect Proposal » (2015), et Jung Ga-ram qu’on a pu voir dans « Jo Pil-ho: The Dawning Rage » (2019). Ce métrage est basé sur un roman du même nom écrit par Keisuke Sone Le film est paru le 19 février 2020 en Corée.
La structure narrative de « Beasts Clawing at Straws » est fracturée en différentes séquences où nous suivons un personnage différent. Au bout d’un moment, on prend conscience que les séquences ne se suivent pas forcément dans le temps, ce qui n’est en rien dérangeant pour la compréhension du récit. On débute avec Joong-man (Bae Seong-woo), un restaurateur qui a fait faillite et qui a trouvé un boulot d’employé de service dans un bain privé, chargé de l’accueil des clients et de l’entretien des lieux. Son épouse s’occupe de la mère de ce dernier, une vieille femme singulièrement acariâtre et incontinente. Un beau jour, Joong-man trouve un sac Louis Vuitton bourré d’argent dans l’un des casiers de l’établissement. Discrètement, il le cache dans la réserve avec d’autres sacs oubliés par la clientèle. L’histoire change alors de point de vue, introduisant différents personnages, dont le développement explique le cheminement de ce sac Vuitton qui passe de main en main. Le final viendra montrer qui de l’ensemble des différents protagonistes emportera définitivement le magot.
« Beasts Clawing at Straws » vacille en permanence entre différents genres. On retrouve des éléments de thriller où le devenir de ce sac qui change régulièrement de propriétaire est au centre des tensions. Le récit est profondément criminel avec des meurtres, parfois sanglants, une constante dans le cinéma coréen, mais également de la manipulation, de la duperie et de l’hypocrisie. L’ensemble est saupoudré d’une bonne dose d’humour noir. La mise en scène proposée par Kim Yong-hoon est juste délicieuse qui installe un rythme tel que le spectateur n’a pas le temps de se remettre d’une scène, d’un drame, d’un personnage qui passe à la trappe, qu’il est déjà plongé dans l’étape d’après. Le tout est accentué par la qualité très relevée de l’ensemble de la distribution et de la musique qui accompagne le film, tout en incorporant des éléments d’ironie funeste telle que l’anecdote sur les cigarettes Lucky Strike de Tae-young (Jung Woo-sung), l’agent des douanes.
Chacun des personnages principaux a sa propre histoire et fait graviter un certain nombre de personnages secondaires autour de lui. Certains de ces personnages secondaires deviennent des personnages principaux dans la séquence qui suit. Mi-ran (Shin Hyun-bin) est une femme battue par son mari. La situation financière du couple l’oblige à travailler comme hôtesse dans un bar-club privé. Elle profite du fait qu’un de ses clients tombe amoureux d’elle pour l’influencer de manière à ce qu’il tue son époux afin de toucher son assurance-vie. Mais l’opération tourne au fiasco. Elle va alors se confier à sa patronne, Yeon-hee (Jeon Do-yeon). À son tour cette dernière va manipuler Mi-ran. À chaque étape, le sac Vuitton est remis en jeu. Dans son ensemble, le récit est fractionné, les différents personnages et les chronologies sont finalement tous connectés et le puzzle se positionne tout seul devant les yeux du spectateur.
Les valeurs de production sont tout à fait excellentes pour ce « Beasts Clawing at Straws » avec une superbe photographie signée Kim Tae-sung. Le cinéaste livre un ensemble de visuels très différents avec des décors variés, maisons de riches et de pauvres, salon d’hôtesses, bain public, rues sombres et étroites, endroits isolés, forêt, restaurant à l’abandon, etc. Il y a des scènes d’action, de la violence à la Coréenne et quelques effusions de sang, sans que cela n’apparaisse comme fondamentalement choquant. La bande originale orchestrée par Nene Kang est très agréable, accompagnant malicieusement les passages les plus dramatiques, les plus tendus, mais aussi les plus drôles. Enfin, le montage délivré par Han Mi-yeon est pleinement responsable de la qualité de la narration du film. C’est très maîtrisé.
En conclusion, « Beasts Clawing at Straws » est un très bon thriller policier aux allures de film noir. L’histoire est originale et acidulée, l’intrigue est captivante et le développement est singulier, voire étonnant. Le rythme est soutenu, le récit est fluide et la narration fait le yo-yo dans une chronologie proche. La photographie est superbe, la bande musicale est agréable et le montage est exemplaire. La distribution offre de magnifiques prestations, maîtrisées, drôles, énergiques pour une mise en scène de grande qualité. L’ensemble est délicieux à regarder et s’avère être l’un des films les plus divertissants qu’on ait pu voir dans cette première moitié d’année…
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