

Yu Jin retourne auprès de sa famille après avoir été portée disparue 25 ans auparavant. Après plusieurs événements étranges, Seo Jin, l’aîné de la famille, commence à avoir des doutes et à soupçonner sa sœur. Ils commencent donc à enquêter sur la vie de sa jeune sœur.

« Chimipja » (침입자), ou « Intruder » pour la distribution internationale, est un thriller mystérieux sud-coréen datant de 2020, écrit et dirigé par Son Won-pyeong, qui signe là son premier long-métrage. Les acteurs principaux sont Song Ji-hyo, qu’on a pu voir dans « Unstoppable » (2018), Kim Mu-yeol, qu’on a pu voir dans « The Gangster, the Cop, the Devil » (2019), Ye Soo-jung, qu’on a pu voir dans « An Old Lady » (2020), Choi Sang-hoon, qu’on a pu voir dans « The Twins » (2004), et Park Min-ha, qui fait avec ce métrage, ses premiers pas dans le cinéma. Ce film est paru en salles coréennes le 4 juin 2020.
L’histoire proposée par « Intruder » nous invite à suivre Seo-jin (Kim Mu-yeol), un architecte beaucoup trop centré sur son boulot. Il a négligé son épouse et sa petite fille. Mais il y a six mois, sa femme a été mortellement renversée sous ses yeux par un véhicule qui a pris la fuite. Régulièrement, Seo-jin prend contact avec l’inspecteur de police chargé de l’enquête pour lui mettre la pression afin qu’il avance dans les investigations. Enfant, Seo-jin a perdu sa sœur alors qu’ils étaient dans un parc d’attractions avec leur mère. Après le décès de sa femme, Seo-jin tente, à travers l’hypnose, de sonder sa mémoire pour se souvenir de détails qui pourraient faire avancer l’enquête sur l’accident qui a coûté la vie à son épouse.
A travers ses séances, des brides de souvenirs lui reviennent sur les conditions de l’enlèvement de sa sœur. Dans la foulée, Seo-jin reçoit un appel disant que sa sœur a été retrouvée. Yoo-jin (Song Ji-hyo) a grandi auprès de parents adoptifs sans savoir qu’elle avait été adoptée, n’apprenant qu’après le décès de ces derniers la véritable situation. Elle va rapidement emménager dans la maison que Seo-jin a fait construire pour ses parents, avec lesquels il vit désormais avec sa fille, Jena (Park Min-ha). Bien que la famille soit à nouveau réunie après toutes ces années, et malgré un test ADN, Seo-jin doute de la sincérité de Yoo-jin. La situation se dégrade progressivement, animée par des situations de plus en plus mystérieuses, que seul Seo-jin semble percevoir…
Le scénario concocté par Son Won-pyeong, qui endosse ici la double casquette de scénariste et de réalisateur, est intéressant, mais s’avère faible. Il est intéressant, car la construction de l’intrigue est très bien menée durant les trois-quarts de la durée du film. Les tensions sont très bien structurées avec un mystère qui plane sur l’identité de Yoo-jin. Est-elle réellement la sœur de Seo-jin. Et surtout, qu’est-elle réellement ? Être humain ou démon ? Et, patatra, les révélations viennent casser ce mystère et font fortement chuter l’intérêt qui avait très bien été construit et maintenu jusque-là. Ces révélations arrivent trop tôt dans la dernière partie du film, mais il était probablement difficile de procéder autrement pour permettre à la cinéaste de positionner la fin de son récit.
Le film aborde en substance la présence de nombreuses sectes qui œuvrent en silence dans la société coréenne. On comprend assez facilement que l’ensemble de la famille de Seo-jin est sous hypnose, renforcée par l’utilisation de drogue, sous forme de diffuseur d’odeur ainsi qu’à travers l’alimentation. Révélation faite brusquement par un complice à travers une discussion illogique à la vue de la situation dans laquelle elle intervient. Le tatouage dans le bas de la nuque de Yoo-jin laisse également entrevoir cette relation à l’idée d’une secte. À cela, on ajoute une nouvelle fois le rôle de la police, qui apparaît comme étant extrêmement stupide malgré de nombreuses circonstances étranges. Devant l’évidence de certains points, on peut s’interroger sur le « pourquoi personne ne veut croire les explications de Seo-jin? » On peut expliquer les faiblesses de certains aspects du scénario pour le fait que Son Won-pyeong offre ici son premier long-métrage.









Kim Mu-yeol incarne un architecte qui vit dans une forte situation de traumatisme. La disparition de sa sœur lorsqu’il était enfant, puis le décès de son épouse. L’acteur ne marque pas assez son état psychologique. Il devrait nettement plus être dans le trouble, dans le doute. Song Ji-hyo interprète donc cette sœur inquiétante, manipulatrice. L’actrice offre les bonnes attitudes, joue avec les expressions du visage, place astucieusement les petits sourires révélateurs de son état d’esprit. La jeune Park Min-ha offre une bonne prestation, une fillette qui s’éloigne de plus en plus de son père, magnétisée par l’arrivée d’une tante qui va lui apporter l’affection de la mère qu’elle a perdu. Je suis toujours impressionné par la justesse du jeu des enfants dans le cinéma coréen.
En conclusion, « Intruder » est un bon thriller disposant d’une histoire familière, d’une intrigue irrégulière, et d’un développement classique. Le rythme est cohérent, le récit est fluide et la narration fait appel à quelques flashbacks. La photographie est propre mais basique, la bande musicale orchestrée par Kim Tae-hoon vient bien souligner les moments de tension et le montage permet de déboucher sur un film d’une durée de 102 minutes inégales, le suspense s’effondrant brutalement de par les choix scénaristiques. La distribution offre de bonnes prestations dans l’ensemble, Song Ji-hyo offrant une meilleure performance que Kim Mu-yeol quelque peu décevant. L’ensemble reste agréable à regarder malgré les quelques loupés de l’équipe de gestions des sous-titres…

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