Un officier de police de Philadelphie lutte contre l’obsession de retrouver un tueur en série mystérieux dont les crimes défient toute explication et se répètent à travers le temps.
« In the Shadow of the Moon » est un thriller américain de science-fiction datant de 2019, réalisé par Jim Mickle, à qui l’on doit également « Cold in July » (2014). Les acteurs principaux sont Boyd Holbrook, qu’on a pu voir dans « The Predator » (2018), Cleopatra Coleman, qu’on a pu voir dans « The Argument » (2020), et Michael C. Hall, essentiellement connu pour avoir incarné Dexter Morgan dans la série Dexter et David Fisher dans la série télévisée Six Feet Under. La première du film a eu lieu lors du Fantastic Fest, le 21septembre 2019. Il a ensuite été diffusé sur Netflix à partir du 27 septembre 2019.
L’histoire proposée par « In the Shadow of the Moon » nous invite à suivre l’officier de police Thomas Lockhart (Boyd Holbrook), qui enquête avec Winston Maddox (Bokeem Woodbine), sur une affaire étrange. Nous sommes en 1988 à Philadelphie, et plusieurs personnes sont mortes simultanément d’une hémorragie, leur cerveau ayant été désintégré, provoquant une perte de sang massive. Le policier pense que les décès sont liés lorsqu’il trouve des blessures similaires, par perforation, sur chaque victime. Lockhart et Maddox sont envoyés auprès d’une victime avec les mêmes blessures. Avant de mourir, cette dernière décrit son agresseur comme étant une jeune femme noire avec une main blessée.
Les deux policiers retrouvent la suspecte et la poursuivent jusque dans les souterrains du métro. Maddox est balayé en deux temps, trois mouvements. Alors qu’elle se bat contre Lockhart, la suspecte, révèle des détails sur la vie du policier et prédit qu’elle va mourir sous peu, juste avant d’être percutée par une rame de métro. Bien que confuse sur les nombreux détails inexpliqués, la police classe l’affaire… Neuf années plus tard, en 1997, une nouvelle série de meurtres identiques aux précédents, voient le jour. Bien que persuadé, qu’il s’agit d’un copycat, Lockhart, désormais inspecteur, enquête sur cette affaire. Alors qu’il suit discrètement un suspect, il tombe des nues lorsqu’il se retrouve face-à-face avec la même suspecte qu’en 1988, vivante et qui n’a pas vieillie.
Le thème du voyage dans le temps a déjà été utilisé à de nombreuses reprises dans le cinéma, et, dans ce sens, on peut dire que c’est nullement original. Aborder ce thème positionne tout de suite le métrage dans le domaine de la science-fiction. Dans le cas présent, « In the Shadow of the Moon » nous propose des sauts dans le temps tous les neufs ans. On débute en 1988, puis on bascule en 1997, en 2006, en 2015, pour s’achever en 2024, dans un monde dystopique à venir, surtout si on ne fait rien pour l’empêcher. Le scénario concocté par Gregory Weidman et Geoff Tock passe du thriller policier à la science-fiction en faisant un petit détour par la parabole sociale. La force de l’écriture réside dans cette capacité à embrasser les clichés du genre, tout en traçant son propre cheminement inhabituel. Le flic obstinément obsessionnel, et de plus en plus barbu, est clairement familier même si le dossier sur lequel il enquête peut ne pas l’être.
Dans cette histoire, Thomas Lockhart (Boyd Holbrook), le personnage central, est le plus intéressant, car on peut suivre son évolution sur plusieurs décennies. En 1988, c’est un jeune policier en tenue, qui aspire à devenir inspecteur. Il voit dans l’affaire, la possibilité de faire accélérer sa carrière. Il obtient, plus ou moins, le feu vert de son supérieur, l’inspecteur Holt (Michael C. Hall), son beau-frère, pour suivre ses propres pistes pour identifier et neutraliser le tueur. L’enquête s’arrête cependant brusquement avec le décès de l’unique suspecte. En 1997, Lockhart est désormais inspecteur, et Holt, son beau-frère, est son capitaine.
Une nouvelle série de meurtres va replonger le policier dans l’ancienne affaire, mais une nouvelle confrontation avec la femme mystérieuse, va profondément perturber Lockhart. En 2006, ce dernier est désormais détective privé complètement obsédé par l’affaire, qui, selon lui, implique le voyage dans le temps. L’ancien policier est persuadé que la jeune femme meurtrière remonte le temps pour assassiner des membres d’un groupe terroriste. Sa vie est un champ de ruines, il passe beaucoup de temps dans son véhicule qui n’est autre qu’une porcherie. En 2015, Lockhart s’est encore enfoncé dans la déchéance et vit comme un clochard. Lorsqu’il rencontre pour la dernière fois la jeune voyageuse dans le temps, les révélations qu’elle lui fait sur son identité l’horrifient.
Les valeurs de production sont tout à fait correctes pour ce métrage. La photographie délivrée par David Lanzenberg marque très bien les différentes époques à travers des décors et notamment des costumes adaptés, permettant aux spectateurs de bien s’immerger dans l’espace-temps. Les quelques scènes d’action sont bien réalisées, les plus marquantes se situant dans la première partie du film, lorsque les différents protagonistes évoluent en 1988. Le tournage principal s’est déroulé à Toronto au Canada, mais les prises de vues aériennes ont été réalisées à Philadelphie en Pennsylvanie. La bande musicale orchestrée par Jeff Grace est plutôt agréable offrant également des sonorités propres à chaque époque visitée. Enfin, le montage offert par Michael Berenbaum débouche sur un film d’une durée de 115 minutes.
En conclusion, « In the Shadow of the Moon » est un très bon film de science-fiction disposant d’une histoire captivante, d’une intrigue intéressante et d’un développement offrant une pointe d’originalité. Le rythme est harmonieux, le récit est fluide et la narration joue sur différentes périodes. La photographie est soignée, la bande originale est agréable et le montage est adroit et soigné. La mise en scène de Jim Mickle maintient le suspense sur la quasi-intégralité du métrage. La distribution offre de bonnes prestations, mais c’est clairement Boyd Holbrook qui livre la meilleure performance, au service d’un personnage qui sombre progressivement à travers le temps. L’ensemble est finalement une agréable surprise et mérite qu’on s’y intéresse à moins de souffrir de Netflixophobie…
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