Le roi Charles VI ordonne que le chevalier Jean de Carrouges règle son différend avec son écuyer en le défiant en duel à mort.
« The Last Duel » ou « Le Dernier Duel » pour la distribution française, est un film d’action historique datant de 2021, réalisé par Ridley Scott, à qui l’on doit également « The Martian » (2015). Les ateurs principaux sont Matt Damon, qu’on a pu voir dans « The Great Wall » (2016), Adam Driver, qu’on a pu voir dans « BlacKkKlansman » (2018), Jodie Comer, qu’on a pu voir dans « Free Guy » (2021), Ben Affleck, qu’on a pu voir dans « Deep Water » (2022), Harriet Walter, qu’on a pu voir dans « Star Wars: The Force Awakens » (2015), Alex Lawther, qu’on a pu voir dans « The Imitation Game » (2014), et Clive Russell, qu’on a pu voir dans « The 13th Warrior » (1999). Ce métrage a eu sa première mondiale lors du Festival du Film de Venise le 10 septembre 2021 et est paru en salles aux États-Unis le 15 octobre 2021. Il a été sélectionné par le National Board of Review comme l’un des dix meilleurs films de 2021. Cependant, il a fait un flop (Box-office Bomb) au box-office, ne rapportant que 30,6 millions de dollars contre un budget de production de 100 millions de dollars.
L’histoire proposée par « The Last Duel » se déroule dans la France médiévale, au XIVe siècle. Le chevalier Jean de Carrouges (Matt Damon), défie son ancien ami, l’écuyer Jacques Le Gris (Adam Driver) dans un duel judiciaire après que son épouse, Marguerite (Jodie Comer), ait accusé Jacques de l’avoir violé. Trois chapitres sont proposés, menant tous à la confrontation finale entre Jean et Jacques, racontant la « vérité » selon chacun des différents protagonistes. Le premier chapitre est la vision de Jean, qui sauve la vie de Jacques lors de la bataille de Limoges, pour être ensuite trahi lorsque son ami use de son influence auprès du comte Pierre d’Alneçon (Ben Affleck) pour dérober la terre et l’héritage de Jean, et de là « prendre » sa femme, conduisant ce dernier à demander réparation en duel.
Le deuxième chapitre propose la version de Jacques, dans laquelle Jean le poursuit pour une terre sur laquelle il n’avait aucun droit et sa liaison avec Marguerite dont il juge qu’elle n’était nullement contre sa volonté. Enfin, le troisième chapitre livre la version de Marguerite dans laquelle Jean et Jacques traitent les femmes comme des meubles, réduites par la loi et les coutumes au statut de propriété. Un monde où seuls les hommes ont le pouvoir. L’ensemble débouche sur le duel à proprement parler, absurde et violent, plaçant Marguerite en danger d’être brûlée vive si son époux perd cette joute meurtrière.
Le scénario de « The Last Duel » est un élément clé dans la réussite de ce film. Cette intrigue médiévale est le fruit d’une combinaison inhabituelle de talents. Le script est basé sur de véritables événements du moyen-âge français et est concocté par Matt Damon et Ben Affleck qui collabore ici pour la première fois, en tant que scénariste crédité, depuis « Good Will Hunting » (1997), en association avec Nicole Holofcener. Les deux hommes gérant les versions masculines de cette histoire tandis que Nicole Holofcener prête son point de vue en tant que femme afin d’apporter une voix différente aux débats. Le film s’inscrit donc dans plusieurs registres.
L’action est présente à travers plusieurs séquences de batailles médiévales avec tout ce que cela comporte de violence, pour ne pas dire de boucherie, le tout ponctué par la confrontation finale entre deux des trois principaux protagonistes. Les éléments historiques sont là également, mettant en lumière la position des femmes dans un univers cruellement machiste. On ne pourra que s’offusquer du positionnement du clergé et/ou du sens moral des nobles, ou plus précisément de leur absence de sens moral. De la même manière qu’il l’avait fait dans « Gladiator » (2000), Ridley Scott, le réalisateur, en profite pour nous montrer que la foule des anonymes, les gens du petit peuple viennent assister aux joutes mortelles pour se divertir, assoiffés de sang.
Des trois principaux personnages, on pourrait résumer leur présentation de la manière suivante : Jean de Corrouges (Matt Damon) est l’homme trahi, Jacques Le Gris (Adam Driver) est le violeur et Marguerrite de Carrouges (Jodie Comer) est la victime. Au-delà des différentes personnalités, ce qui est probablement le plus intéressant les trois différentes visions de l’affaire, ce sont les petits détails, comment un personnage se souvient d’un bref baiser différemment d’un autre. Jean croit qu’il a été tendre avec sa compagne, mais elle retient surtout comment il s’est disputé avec son père au sujet de sa dot. Jacques voyait des regards coquins là où il ne s’agissait que de sourires diplomatiques. N’oublions pas les relations désastreuses entre Marguerite et Nicole de Buchard, sa belle-mère flétrie, incarnée avec maestria par Harriet Walter, qui en vient presque à voler la scène.
Les valeurs de production sont d’un niveau supérieur pour ce métrage. Le film fut doté d’un budget de 100 millions de dollars. La photographie réalisée par Dariusz Wolski, qui œuvre souvent sur les films de Ridley Scott, permet pleinement de plonger dans l’atmosphère bouse de l’époque, offrant au passage une symphonie de violence crasse. Des intérieurs éclairés par des bougies et/ou par des feux de cheminée, tout est présenté dans l’obscurité. Les tavernes résonnent du son des chopes tandis que des musiciens et autres chanteurs ambulants se produisent dans un recoin mal éclairé. On retrouve même des rendez-vous lesbiens softcores en arrière-plan, pour le plus grand plaisir des fans de Game of Thrones.
Le tournage a débuté le 14 février 2020 en Dordogne et s’est poursuivi jusqu’au 12 mars 2020, dans le château médiéval de Berzé-le-Châtel, près de Mâcon. Toutefois, le tournage s’est interrompu en raison de la pandémie de COVID-19 et des restrictions de circulation en Europe. Celui-ci a repris fin septembre 2020 et l’ensemble s’est achevé le 14 octobre 2020 en Irlande. La bande musicale signée Harry Gregson-Williams vient parfaitement accompagner les différentes ambiances du film. Enfin, le montage délivré par Claire Simpson débouche sur un métrage d’une durée de 153 minutes.
Le dernier duel à proprement parlé a nécessité deux mois de préparation pour le chorégraphier et il a fallu deux semaines pour le filmer. Dans la réalité, pendant le duel, les visages des deux adversaires ne seraient pas vus, car ils auraient été entièrement casqués. Au lieu de cela, les cinéastes ont opté pour que les visages des acteurs soient visibles, car Matt Damon et Adam Driver voulaient faire eux-mêmes autant de cascades que possible. La « petite mort » est mentionnée plusieurs reprises dans ce film. Il s’agit d’une expression qui signifie « la brève perte ou l’affaiblissement de la conscience » et est utilisée de façon moderne pour définir la « sensation post-orgasme assimilée à la mort« . Bien que cette histoire se déroule au 14e siècle, la première utilisation écrite attestée en anglais de cette expression remonte à 1572.
Aucune scène n’a été tournée à Paris, il s’agit uniquement de recréations numériques. Lorsque l’on peut suivre les discussions concernant la dot de Marguerite, on peut voir cette dernière caresser un Boston Terrier. Cette race de chien n’a vu le jour que 500 ans plus tard et est originaire, comme son nom l’indique, de Boston, Massachusetts, aux États-Unis, à la fin des années 1800. De manière générale, aucune des races de chiens présentées dans le film n’existait pendant la période représentée dans le métrage. Pour exemple, le Barzoï n’est apparu qu’au 17e siècle en Russie. Le Whippet est apparu au 15e siècle, le Border Collie à la fin du 19e siècle et enfin le Foxhound au 18e siècle.
En conclusion, « The Last Duel » est très bon film historique disposant d’une histoire originale, d’une intrigue captivante et d’un développement sombre et violent. Le rythme est modéré, le récit est fluide et la narration est divisée en trois chapitres exposant la vision d’un événement vu à travers le regard de trois personnages distincts. La photographie est immersive, la bande originale vient agréablement consolider les différentes atmosphères de l’histoire et le montage offre à l’ensemble une pointe d’originalité. Le scénario propose des faits qui font écho à l’actualité récente et la mise en scène de Ridley Scott permet d’aborder différentes perspectives. La distribution offre de très bonnes prestations avec Ben Affleck au look surprenant, un Matt Damon balafré et un Adam Driver à la crinière de chanteur hard rock. L’ensemble permet de passer un agréable moment face à une frange d’histoire de France méconnue.
Un Ridley Scott de haut niveau, inattendu à ce moment de sa carrière. Mais hélas un échec injuste au box-office. Sans doute une œuvre qui constituera un point d’orgue de la filmo de sa fin de carrière. Un film d’histoire, un film pour l’Histoire.
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Belle formule.
J’ai pas mieux !
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Je l’ai malheureusement raté au cinéma, mais j’espère très vite me rattraper !
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Il y a beaucoup de choses intéressantes dans ce film. La reconstitution historique, l’action, la structure narrative, et l’approche sociologique de « l’affaire » …
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